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Les sauts (très) périlleux des basketteurs


Habitués des luttes aériennes, les basketteurs redoutent les retours sur terre et les traumatismes qui peuvent les envoyer à l’infirmerie. Les membres inférieurs sont les plus touchés. État des « lieux » avec Simon Gintrand, le médecin du Champagne Basket.

 


ON ne peut mettre en parallèle deux disciplines aussi différentes que le hockey sur glace et le basket. Comme on ne peut comparer les blessures les plus fréquemment constatées, redoutées et déplorées chez les manieurs de palets (les gros maux des hockeyeurs) et les jumpers de la grosse balle orange.


Sports de sauts et de contacts (oui, oui...), le basket sollicite les tendons, les muscles et bien sûr les articulations. En charge de la bonne santé des hommes du Champagne Basket (Châlons – Reims), le Docteur Simon Gintrand nous livre le résultat de ses consultations et ses diagnostics... sans dévoiler le secret médical bien sûr.


Lutte aérienne et sol piégeux


Ex-handballeur confirmé, l’un des toubibs de l’Institut du sport Olivier Selva (ISOS) à Tinqueux, connaît tous les risques d’une discipline qui peut vous propulser très haut au-dessus des paniers (lutte au rebond) mais aussi vous tendre des pièges au sol (les pieds adverses) à la réception de ces sauts qui mettent à rude épreuve les muscles des jambes, les tendons et les chevilles.


Son podium des blessures ne surprendra donc personne. Tout juste peut-on constater et regretter que certains « stops médicaux » s’enchaînent souvent pendant de courtes périodes (ah, la loi des séries !) et freinent le quotidien de clubs (très, trop ?) pressés de retrouver leurs forces vives, besoin impérieux de résultats oblige !


Vous l’avez deviné, le staff médical du Champagne Basket touche du bois pour éloigner les mauvaises ondes tendineuses, musculaires ou articulaires qui pourraient avoir la fâcheuse idée de s’acharner sur les membres inférieurs des hommes de coach Thomas Andrieux.




 

🥇 Tendinopathie patellaire


CIRCONSTANCES

C’est principalement une blessure de « sur-utilisation ». Le plus souvent, cette douleur, cette gêne, sont présentes depuis longtemps. « Cela peut remonter à l’adolescence », précise Simon Gintrand.


La tendinite chronique (on parle de tendinite chronique au-delà de six mois d'évolution) peut aussi apparaître à la suite d’une sur-sollicitation due à la répétition des mêmes gestes. Des poussées de douleur sont souvent la conséquence d’une forte charge d’entraînement, d’une accumulation de matchs ou encore à la nature et à la qualité d’un parquet.


PRISE EN CHARGE

Quatre stades déterminent la gravité d’une tendinite (le stade 4 étant la rupture). Selon le stade, la solution n’est pas forcément le repos total. « On peut jouer mais, dans ce cas, il faut adapter la pratique. » Alléger les charges de travail, peut-être dispenser le joueur d’un entraînement, dans la semaine par exemple.


Bien sûr, dans le cas d’une phase aigüe et inflammatoire, le repos est de mise. Les soins kiné, l’application de froid, les anti-inflammatoires, la mésothérapie peuvent être nécessaires également.


Le stade 1 peut se soigner en quelques jours. Pour le stade 2, il faut raisonner en semaines, pour le stade 3 en mois.  Mais, la présence lancinante d’une tendinite rotulienne peut se prolonger jusqu’à plusieurs années quand elle est chronique et/ou fissuraire (fissuration intra tendineuse). Une rupture totale (stade 4) peut nécessiter une opération.


PRÉVENTION

Les conseils qui suivent peuvent – doivent – être appliqués en toutes circonstances. « Il faut bien sûr une hygiène de vie irréprochable », affirme Simon Gintrand. Hydratation, alimentation équilibrée (les conseils de Bénédicte Le Panse), régulation du poids... il faut absolument respecter ces pré-requis, indéniables portes d’entrée vers le haut niveau.

Dit autrement, il faut éviter tout excès et préparer son corps aux efforts.


L’avant-match est capital. Qui n’a pas vu un basketteur s’adonner aux « routines » (très suivies en NBA), ces phases de pré-échauffements (avec des élastiques) puis à un rituel, propre à chacun, avec ballon ?


RÉÉDUCATION

Rééducation = kinésithérapie. Cet onglet peut se fondre avec ceux de la prévention et de la prise en charge. La prise en charge inclut en grande partie la prévention secondaire c'est-à-dire les protocoles à mettre en œuvre pour ne pas récidiver.

 

🥈 Les lésions musculaires du quadriceps

et des ischios jambiers


CIRCONSTANCES


On peut observer deux origines. La lésion intrinsèque qui survient à la suite d’un mouvement brusque ou brutal. La lésion extrinsèque est, elle, la conséquence d’un choc. La béquille, conséquence de la rencontre d’un genou avec le quadriceps, est bien connue (et redoutée) des sportifs.


PRISE EN CHARGE

Les premières minutes sont primordiales. « Il faut comprimer le muscle afin d’éviter le saignement et la formation d’un gros hématome, avertit Simon Gintrand. Aujourd’hui, la remise en question concernant l’utilisation du froid... enfle. » Mais bon, « le froid ne fait pas de mal. »


Pour déterminer le grade de la lésion, « on fait appel à l’échographie (surtout dans le milieu amateur et en première intention chez les pros) et à l’IRM (chez les pros) moins disponible mais plus sensible et qui a l’avantage de pouvoir être archivée donc relue. »


DIAGNOSTIC

Le diagnostic clinique est complété par l’imagerie qui permet de déterminer plus précisément la gravité de la lésion et la durée de l’indisponibilité.


Quatre stades définissent la gravité de la blessure. Si le médecin parle des stades 1 à 4, on peut traduire cette nomenclature par contusion (quelques jours pour la guérison), élongation (3 à 4 semaines), déchirure (6 à 8 semaines) et rupture qui peut nécessiter une opération (plusieurs mois).


RÉÉDUCATION

La question que se posent le sportif et son staff est récurrente : « Combien de temps je serai privé de terrain ? » Le Dr Gintrand rassure en partie les victimes de lésions : « Le muscle cicatrise mieux que le tendon. Une rééducation précoce conduite et médiée par un kiné est recommandée. »


🥉  L’entorse de la cheville


CIRCONSTANCES


Les adeptes du BHV (basket, hand, volley) redoutent le retour sur terre après un saut. Ils ne sont pas à l’abri de retomber sur un pied adverse (ou d’un partenaire) ou de se blesser tout seuls à la suite d’un faux mouvement (le pied se dérobe) provoquant une distension des ligaments.


DIAGNOSTIC

« On recherche la douleur, la présence d’un hématome, la laxité de la cheville, s’il y a des antécédents », précise le Doc. On détermine trois stades : entorses légère, moyenne et grave (rupture des ligaments ou pas).


La guérison demande une semaine, dix jours à trois semaines ou beaucoup plus. En cas de rupture, cela peut nécessiter une reconstruction chirurgicale - tout comme pour le ligament croisé du genou - et donc prendre des mois avant de revenir sur le terrain.

Il ne faut surtout pas négliger cette blessure, dire « ce n’est qu’une petite foulure, une torsion sans importance. Ma cheville n’est pas gonflée... C’est une entorse, plus ou moins grave mais c’est une entorse. »

 

RÉÉDUCATION

Les kinés disposent d’une batterie de moyens de prise en charge visant à aider à « réparer » une cheville.


« En gros, il faut soulager (physiothérapie ++), faire dégonfler (physiothérapie, +/- técarthérapie, une technique de soins basée sur un courant électrique) puis retrouver de la mobilité (mobilisation active/passive, exercices) puis de la stabilité (proprioception) et de la force (renforcement musculaire ++) avant de reprendre le mouvement sportif et de le réapprendre avec intensité (réathlétisation). »


 

 BONUS

Les entorses de doigt


Comme bon nombre de médecins, Simon Gintrand a ses « chouchoutes », ses préférées ou plutôt les blessures qu’il ne veut pas laisser tomber dans les oubliettes des soins. Lui, c’est l’entorse de doigt, si redoutée dans les sports de balle, qui le titille.


Basketteurs, handballeurs, volleyeurs connaissent ou ont connu cette blessure « très sous-estimée » selon Simon Gintrand qui veut faire passer quelques messages.


« L’entorse de doigt est rarement considérée comme une blessure, regrette-t-il. Sauf peut-être quand il y a luxation. Son côté impressionnant ne passe pas inaperçu. » Comme pour la cheville, un « doigt tordu », un « doigt retourné », un « doigt-maillot » (doigt d'un défenseur qui devient prisonnier du maillot de son adversaire) sont à prendre très au sérieux. « Ce sont des entorses et nécessitent d'être pris en charge comme toute blessure. »

 

« Cela peut être relativement grave pour le pouce avec des retentissements fonctionnels ne devant pas être négligés », alerte-t-il. « Une entorse de pouce avérée nécessite une consultation et très souvent a minima une radio. »

 

Encore une fois, la durée d’indisponibilité pousse les sportifs à « négliger » cet incident. Un certain nombre d'entorses de doigt autorise la poursuite de l'activité sportive, moyennant quelques adaptations. « Donc amis sportifs n'ayez pas peur du docteur et soignez-vous ! »





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