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Président de la tête aux pieds !

La trajectoire d'une équipe - quel que soit le sport - n'est jamais rectiligne au cours d'une saison. Il y a des incidents, voire des accidents, de parcours. Des temps faibles et des temps forts. Les staffs techniques et les joueurs connaissent les remèdes. Le travail, il n'y a que ça de vrai.


On pourrait appliquer ce traitement au président. Sauf que lui n'a pas d'action directe (sur le terrain) pour briser une spirale négative. Comment le boss vit-il les périodes d'euphorie ou les moments difficiles ? Est-il prêt à ne pas se laisser submerger par de bons résultats et perdre son indispensable lucidité ? Saura-t-il encaisser les coups durs, évidemment imprévisibles ? Quels leviers pourra-t-il actionner ? Bref, comment vivra-t-il ces moments ?


Première donnée de cette réflexion : le président est un homme seul qui n'a pas de N + 1 vers qui se tourner et chercher de l'aide. Il doit donc avoir (au moins) un coup d'avance dans tout ce qu'il entreprend, dans toutes ses décisions. Les résultats sportifs parlent pour (ou contre) lui plus que les résultats économiques. Quoi que...


Jean-Pierre Caillot s'est livré à une auto-consultation et à un check-up sans concession. Son objectif : prévenir les maux de tête afin de la garder froide. Le nôtre : essayer de lire et d'analyser le scanner virtuel que nous lui avons prescrit.

 

« Je suis un président passionné mais pas dupe »


Depuis plus de vingt ans, Jean-Pierre Caillot préside aux destinées du Stade de Reims. L’expérience acquise au fil des ans et des dossiers n’a pas altéré sa passion pour le foot et pour les Rouge et blanc.


LE RENDEZ-VOUS avait été fixé depuis longtemps. Depuis que le président Caillot avait accueilli un parterre de chefs d’entreprise dans son écrin du centre de vie Raymond Kopa à Bétheny à l’occasion d’un petit-déjeuner business organisé par le 8/9 d’Adjan.


En prenant contact avec le président du Stade de Reims, mais aussi président des présidents de Ligue 1 et vice-président de la LFP (ligue de football professionnel), je lui avais donné le cadre de notre futur entretien : que se passe-t-il dans la tête d’un président quand les résultats de son équipe le propulsent sur de petits nuages toujours plus euphorisants les uns que les autres ou au contraire quand les performances entraînent le staff et les joueurs dans un abîme de morosité.


« Les mauvais moments ne sont jamais derrière nous »


Autre élément à garder en mémoire : le jour de notre rencontre à savoir au lendemain de la défaite-coup d’arrêt à Auxerre après une série de six « matchs à points ». « La problématique d’un président, c’est de prévoir l’avenir », précisait-il dès le coup d’envoi de notre entretien. « A une bonne série peut succéder une mauvaise passe. »


Aurait-il dû  croiser les doigts à cet instant pour implorer Dame Malchance de les laisser tranquilles, lui et sa troupe ? Cela aurait peut-être aidé ses protégés à éviter les deux nouveaux revers d’un but subis dans la foulée (contre Brest, à Toulouse).


Alors comment vit-il ces mauvais moments ? « J’y suis préparé », répond-il. « Moi, je dis toujours que les mauvais moments ne sont jamais derrière nous. Le pire est toujours à venir. »


Perdre est donc ce mauvais moment que Jean-Pierre Caillot redoute et s’attache à combattre en travaillant tous les jours un peu plus pour éviter ces périodes grises menaçant de virer au noir. « Si on veut rivaliser avec les écuries les plus huppées du championnat, nous devons travailler plus qu’elles. Nous devons nous remettre constamment en question. Donc je suis dans l’anticipation permanente. »


N'empêche qu’intérieurement, une défaite affecte toujours Jean-Pierre Caillot. « Je suis triste 48 heures au moins », avoue-t-il. Triste et certainement d’une humeur difficile. « Ma famille subit ma morosité... Et puis, ça repart. » Compétiteur dans l’âme, compétiteur de la tête aux pieds, J.-P.C n’a pas pour habitude... de baisser les bras ! Il cherche les raisons d’un coup de moins bien puis les solutions même si parfois, elles peuvent ne pas être populaires.


« J’ai du mal à dormir après une défaite... »

« Au-delà du club à développer tous les jours, je dois avoir une vision à 5, 10 ou 15 ans, affirme-t-il. Le transfert de Matusiwa, la non-reconduction du contrat de Yunis Abdelhamid, par exemple, s’inscrivent dans ce cadre-là. Les faits m’ont donné raison et j’aimerais bien savoir combien des 5 000 supporters qui m’ont sifflé au moment de l’hommage rendu à Yunis le feraient encore aujourd’hui. »


Quand il s’agit de prendre des décisions fortes, le président est un homme seul. « Plutôt un homme isolé », corrige-t-il. « J’ai du mal à dormir dans ces périodes-là. Mais très honnêtement, je ne prends jamais une décision seul. Je sollicite les avis de Mathieu Lacour (le directeur général) et de Polo (son fils, directeur sportif). Mon expérience de chef d’entreprise me permet de prendre vite des décisions fortes. »


« Une école de président, ça n'existe pas »


L’expérience, forgée au fil de vingt ans de présidence en rouge et blanc, a bien sûr son mot à dire au moment de l’examen de dossiers sensibles. Car, « une école de président, ça n'existe pas. Je suis un président passionné mais pas dupe. »


« J’ai appris qu’il ne fallait pas laisser passer une opportunité, assène-t-il encore. Je sais aussi qu’il y a toujours une fin aux histoires d’amour avec les joueurs. Alors, une fois que je suis convaincu du bien-fondé d’une décision, je l’assume totalement en mon âme et conscience. »

 

 

Les petites phrases présidentielles


« Il y a une grosse différence entre le chef d’entreprise traditionnel dont les interlocuteurs sont les banquiers et les actionnaires et un président de club. »


« Mes décisions ne sont pas personnelles mais prises pour l’institution. »


« Il y a une jurisprudence Stade de Reims. Quand je dis qu’on ne vend pas un joueur... il ne part pas. »


« Le Stade de Reims est reconnu comme un grand club au Japon. De nombreux clubs nous ont demandé de nouer des partenariats. »


« Manquer une qualification européenne, c’est une perte de temps. C’est une chape de plomb supplémentaire pour un président. »



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