Les champions de fond et d'ultra-fond ont leurs lièvres. Les anonymes aussi qui se fixent des objectifs pour boucler leurs 10 km, leurs semis ou mieux et les atteignent grâce aux meneurs d’allure. A vérifier lors du Reims Champagne Run de ce week-end. Incursion en avant-première chez ces coureurs au service des coureurs.

LEUR passion, c’est la course. Leur moteur, c’est le partage. La combinaison de ces deux affirmations conduit ces adeptes avertis, spécialistes des petites foulées et des distances plus ou moins longues, à se muer en « lièvres » pour chasseurs... de sensations fortes.

En d’autres termes, ces boulimiques de kilomètres avalés en pleine nature enfilent régulièrement la panoplie de maître du temps (ou plutôt du tempo) afin d’aider les débutants à adopter le bon rythme, celui qui leur permettra de venir à bout de leurs défis et de devenir finisher d’un 10 km, d’un semi ou plus !
Au fil des années, le marathon de Reims, Reims à toutes jambes, Run in Reims et maintenant Reims Champagne Run ont augmenté leurs offres et leurs aides pour les apprentis coureurs.
De plus en plus recherchés

Les lièvres du marathon et du semi de 1984 ont reçu le renfort des meneurs d’allure. Vous savez ces passionnés au grand cœur des premières lignes de ce papier, ces drôles de coureurs que vous reconnaîtrez aisément grâce à leurs flammes (leurs ailes, leurs bannières...) fixées dans le dos et facilement identifiables à leurs couleurs et leurs objectifs chronométriques fièrement affichés.
Les courses hors stade étant de plus en plus fréquentées, les meneurs d’allure sont devenus très recherchés. A Reims, un petit groupe a vu le jour il y a sept ans. « On devait participer au Run in Reims, se souvient Olivier Schneider, chef de projet audiovisuel et événementiel à la ville de Reims. La veille du départ, on m’a appris que ce n’était plus d’actualité. »
La discussion actant ce faux départ, ce coup d'arrêt, n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd mais plutôt dans celle d’un organisateur des Bacchantes (course solidaire de 8 km en faveur de la lutte contre les maladies masculines). « Cela a été le départ d’une belle aventure. »
« Ils connaissent leurs limites »

Un groupe d’agents de la collectivité s’est constitué. « Une grande famille plutôt » qui a commencé à battre les campagnes il y a 7 ans, répondant aux demandes de plus en plus nombreuses des organisateurs. En 2024, ces métronomes du bitume ont couru à Châlons-en-Champagne, Bezannes, Reims (Foulée des sacres, Semi des rois, 10 km de Rémus), Beine-Nauroy, Bazancourt.
« On favorise toujours les organisations caritatives », précise Olivier qui sait pouvoir compter sur « un vivier de 80 personnes. Des cadres A, B ou C, des responsables de service. A 98 % des agents de la collectivité, les 2 % restants étant les conjoints de ces agents... » Des passionnés en tout cas, parfois des déçus car il faut « faire des choix sur certaines courses. »

Pour décrocher un dossard de meneur d'allure, il faut, en effet, consentir des sacrifices et suivre un entraînement rigoureux, quelquefois dans les conditions de course avec le sac à dos porteur de leur flamme (3 à 4 kg + le vent).
« Quand on doit passer au 5e kilomètre en 24’55, ce n’est pas 25’30, lâche Olivier. Pour la course, ils ont des bracelets de temps (photo) qui donnent des repères intermédiaires. S’ils ne se sentent pas capables de remplir une mission, ils ne s’engagent pas. Ils connaissent leurs limites. »
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Reims Champagne Run (départ boulevard Lundy) : Semi des Rois à 8h30, 10 km de Rémus 11h30.
Désir et plaisir

« Moi, je viens du sport nature. Il y a dix-huit ans, j’ai mis la course entre parenthèse. » Celle-ci aurait très bien pu se refermer définitivement mais l’épisode du faux départ du Run in Reims (voir plus haut) et le lancement de l’aventure des meneurs d’allure en 2017, « ont relancé [la] motivation » d’Olivier Schneider. Son envie de courir également.
Aujourd’hui, ce coureur au solide gabarit ne regarde ses performances que pour s’assurer qu’il est bien dans les temps proposés et promis à ses suiveurs. « Je ne suis pas frustré », avoue-t-il.
Le meneur d’allure de 53 ans est aux petits soins pour ses (futurs) finishers et il ne leur en voudra pas s’ils s’émancipent à quelques encablures de la ligne d’arrivée. « Souvent, il y en a qui piquent un sprint pour donner un peu plus de lustre à leur perf. Mais pour nous, ce n'est pas fini. Une fois nos groupes arrivés, nous repartons tous pour aller chercher les derniers coureurs et les accompagner jusqu'à la ligne d'arrivée. »
Olivier sait comment gommer d’éventuels regrets. Ce dimanche, il conjuguera désir de partager en enfilant sa tenue de « maître du temps » au départ du 10 km à 11h30 après avoir satisfait son plaisir personnel sur le Semi des rois (départ à 8h30) « en 1h50 à peu près »... et sans l’aide d’un meneur d’allure.
« Vous êtes des meneurs et des ambassadeurs »


Lors de la remise des packs, Raphaël Blanchard a souligné l’engagement de la municipalité... et de ces guides hors pair. « Vous êtes des meneurs mais aussi des ambassadeurs de la ville » a affirmé, l’adjoint en charge des sports. « Votre communauté ne cesse de grandir et je peux vous certifier que notre maire est très impatient de vous retrouver lors d’une prochaine course. Vous savez lui donner, si nécessaire, l’indispensable second souffle. »
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