Le Rémois Cyrille de La Morinerie est un habitué des tribunes de presse des compétitions mondiales de football, des Jeux olympiques et autres grands événements planétaires qu’il couvre pour Europe 1.
Dans la famille « comment travaillent les médias », je demande la radio. Au micro, un expert venant du cru. Cyrille de La Morinerie est un Rémois qui a fait ses premières armes à RCF dans la cité des
sacres avant de « monter » à Paris.
Depuis 2004, sa voix susurre, séduit, envoûte ou martèle des commentaires avisés – le plus souvent pour nous faire vivre des matches de football - sur les ondes d’Europe 1. A tous moments, il cherche à relever un improbable défi : faire… regarder à ses auditeurs le match qu’il commente à la radio.
Mais avant d’en arriver à réussir ce tour de passe-passe, c’est une mécanique parfois complexe qu’il convient de dompter. Diffuser des grands événements – foot, coupe du monde de rugby, Jeux olympiques d’hiver ou d’été, les championnats du monde de ski – coûte cher.
Comme les chaînes TV, les radios sont soumises aux droits, « plusieurs dizaines de milliers d’euros pour la coupe du monde de foot au Qatar par exemple. J’ai de la chance, je travaille dans une maison qui investit dans le reportage. On revient à l’ADN d’Europe 1. On avait abandonné le créneau 20h –23h. RMC s’en est emparé. Mais, on y revient. »
Faire vibrer les auditeurs
Les choix se font donc tout naturellement. Bien sûr, la pertinence de couvrir une compétition ou non fait l’objet de discussions. Le coût également. « On a commencé à étudier le dossier coupe du monde un an à l’avance, à chercher des idées de rubriques. Tout le monde s’est mobilisé. La décision a été prise six mois plus tard. Le DG nous a dit « vous irez à trois. Le chef des sports, Jacques Vendroux, la voix historique du foot et moi sommes donc partis au Qatar. »
Mais pas question de passer à côté d’un événement où les lauriers sont promis aux Français, où les émotions feront vibrer le grand public… où l’audience sera boostée.
Reste à l’intendance à suivre ou mieux à anticiper les besoins de l’équipe dont la mission sera de faire vibrer les auditeurs. S’acquitter des droits, s’accréditer, réserver les postes commentateurs, prévoir les déplacements, réserver les chambres d’hôtel (négociation avec une agence de voyage),
commander les lignes Ethernet (pour la retransmission en direct), réserver les places de parking… le tout dans le respect du budget décidé. Chaque tâche est importante, essentielle.
« On est leurs yeux, leurs oreilles »
Mais, la coupe du monde n’a lieu que tous les quatre ans. D’autres dispositifs sont mis en place sur d’autres compétitions de foot au format plus court avec des consultants comme Wendy Renard ou l’inamovible Guy Roux.
Pour d’autres disciplines, sans droits (le biathlon par exemple), « on récupère des sons, on téléphone aux athlètes… » Un système D bien rodé. Dans tous les cas, Cyrille met son enthousiasme, son expérience au service des auditeurs « avec qui je cherche à créer du lien. »
Et pour y parvenir, il faut donc leur permettre « de regarder le match à la radio ». « On est leurs yeux, leurs oreilles. » Et cela, ça se prépare.
Pour bannir les blancs à l’antenne, Cyrille procède toujours de la même façon. « Avant une rencontre, je fais ma feuille de match, j’étudie l’historique de l’arbitre, je compile les stats des joueurs sur des sites spécialisés. Cela rassure et renforce la confiance. Pourtant, je ne suis pas obnubilé par mes notes. Je ne cherche pas à placer telle ou telle anecdote à tout prix. Je me laisse guider par mon instinct. » Un instinct puisé au fond de ses expériences, de ses voyages sur tous les continents.
« Je suis conscient que je suis privilégié. Je bouge, je voyage, je vois des gens, je découvre du monde, des mondes. » Ce partage continu a quand même quelques inconvénients que Cyrille tait. La coupe du monde de football a duré cinq semaines. Cinq semaines loin de sa famille. Le revers mat d’une médaille brillante.
© Photo d'illustration : Cyrille de la Morinerie
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