Depuis sa création, Sportiplex a révélé nombre de reporters qui commentent les plus grandes manifestations sportives dans des médias nationaux tels Europe 1, RMC, Canal + ou France 3.
RCF, radio-tremplin vers les sommets ?
Jean-Pierre Benoit et Alexis Claude-Reitz, actuels directeur d'antenne et coordinateur de la rédaction de RCF.
A chaque grande aventure ses pionniers. Grégoire Schott et Cyrille de La Morinerie seront « à jamais les premiers » de l’histoire avec un grand H de Sportiplex, l’émission des directs sportifs de RCF (Radio Chrétienne Francophone). Remontons le temps. Nous sommes en 1995 et nos deux pionniers ne se démontent pas quand ils croisent l’Abbé Gouraud, le responsable de l’antenne de l’époque. « Nous voulons trois heures de direct le samedi de 19 à 22 heures pour commenter le sport rémois », assènent-ils sans complexes.
Imaginez les réactions des auditeurs et des donateurs de la radio ! On supprimait leurs prières monastiques pour détailler ce qui se passait sur le parquet de René-Tys ou sur la glace de Bocquaine. « Cela a rué dans les brancards », se souvient Jean-Pierre Benoît.
« Ils ont été les éléments déclencheurs »
Mais ces deux ados – ils avaient 15 ans à l’époque – étaient prêts à renverser des montagnes. « Leur enthousiasme, la qualité de leurs interventions m’ont sidéré », poursuit l’actuel directeur d’antenne. Car les deux ados se sont chargés de tout. Ils ont trouvé des bénévoles techniciens et… ont convaincu l’Abbé Gouraud de les accompagner dans cette aventure. Car, rappelez-vous, ils étaient mineurs.
Caché derrière une foule de micros, Cyrille de La Morinerie découvre le métier de journaliste dans le studio rémois de RCF.
Des montagnes, ils en ont donc escaladées et renversées quelques-unes puisqu’aujourd’hui Cyrille de La Morinerie enchante les ondes d’Europe 1 et Grégoire Schott est devenu responsable d’édition à France 3.
Jean-Pierre Benoît au moment de qualifier ces deux grands gaillards n’hésite pas : « Ils ont été les éléments déclencheurs de toute une génération. Ils ont suscité des vocations. »
Les nombreux bénévoles d’hier sont en effet devenus des journalistes reconnus aujourd’hui. Ils exercent leur talent à France 3, France 24, Europe 1, Canal +, Le Midi Libre ou RMC/BFM… « Le culot de ces journalistes en herbe et leur professionnalisme (déjà) ont donné des idées à leurs camarades. Ils ont commencé par faire des piges puis ont fréquenté des écoles de journalisme. »
Bientôt trentenaire, Sportiplex ne s’est pas arrêté en si bon chemin. On l’a déjà évoqué, des vocations sont nées de cette jeunesse et de son insouciance. Dernier exemple de cette faculté à former des talents, celui d’Arnaud Valadon qui a quitté le micro de RCF pour celui de Radio Monte Carlo où il est devenu reporter multisports.
Jacky Husson, leur papa de radio
Si tous ces jeunes gens ont éclos, c’est qu’ils ont été couvés. « Bernard Gouraud était très ouvert à cette initiative, affirme Jacky Husson. Il savait que j’étais très impliqué dans le sport (entraîneur de l’école de hand de Saint-Brice). Il m’a demandé si je voulais bien les accompagner dans ce projet. »
La réponse ne faisait guère de doute. Et Jacky Husson est devenu leur papa de radio. Celui qui organisait les déplacements des journalistes en devenir, celui qui canalisait les débordements de ces ados « et de leurs copains qui souvent envahissaient le studio », celui qui chouchoutait ces reporters que rien ni personne n’effrayaient.
« Ils sont partis de rien mais qu’est-ce qu’ils en voulaient ! ». Ils en voulaient tellement qu’ils ont réussi à imposer leur émission en direct du samedi soir dans le créneau dévolu aux émissions de prière. « Cela a fait grand bruit mais Bernard Gouraud a résisté. C’était un avant-gardiste. Il était soutenu par sa hiérarchie. Tous les archevêques qui se sont succédé étaient favorables à ce projet. »
Forts de ces soutiens, admirables de ténacité, talentueux derrière le micro, ils ont certainement puisé dans leurs tendres années des expressions venues d’ailleurs ou de nulle part (comme vous voulez). Alors, si vous entendez lors de reportages signés de l’un d’entre eux qu’une équipe vient d’inscrire « un but de mammouth », sachez que c’est un héritage de leur papa Jacky Husson…
LE CHIFFRE
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Les radios françaises étaient représentées par une quinzaine de journalistes lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Et parmi ces quinze voix, deux provenaient de Reims. Plus fort encore, ces deux-là ont récité leurs premières gammes sur les ondes de RCF et de l’émission Sportiplex : Cyrille de La Morinerie (Europe 1) et Arnaud Valadon (RMC). Beau score, non ?
A SUIVRE : LES EX DE SPORTIPLEX
Les ex de Sportiplex
Leur carrière a débuté derrière le micro de RCF. Aujourd’hui, ils font les beaux jours de radios ou de chaînes télé réputées. Alors, si vous voulez entendre la douce voix de Cyrille de La Morinerie, Grégoire Schott, Arnaud Valadon, François Marchal, il faut vous connecter avec Europe 1, France 3, RMC/BFM ou Canal +. Alexis Claude-Reitz, l’actuel journaliste de RCF, va-t-il suivre leurs traces ?
Cyrille de La Morinerie et Arnaud Valadon, dignes représentants de RCF et de la ville de Reims lors de la dernière coupe du monde au Qatar.
Cyrille de La Morinerie, le pionnier
Vous croyez au hasard ? Au destin ? A votre bonne étoile ? Cyrille de La Morinerie, journaliste à Europe 1, vous apporte sa version des choses. « J’ai fait mon stage de 3e à RCF. Cela s’est très bien passé. » Banal non ? Sauf que quelques mois plus tard, Cyrille et ses amis, passionnés de radio, présentent un projet d’émission sportive faite de retransmissions en direct de matchs des équipes du coin. Problème : les championnats ont lieu le samedi soir et le samedi soir sur RCF, ce sont les prières monastiques. La réponse n’a donc pas tardé : « Ce n’est pas possible. »
« Cela a accru notre motivation », se souvient Cyrille. « Notre petit groupe, issu de Jean-Jau et Jean XXIII s’est formé à la technique. Et puis, on a été aidés. Jean-Francois Scherperel, un ancien des émissions télé de Jacques Martin (les plus jeunes peuvent effectuer des recherches sur internet) et ancien de L'Union a mis son expérience au service de ces jeunes loups. Comme on était néophytes, il nous a conseillé de privilégier les enregistrements plutôt que les directs. » Conseil bien reçu et évidemment… non suivi. « A la sortie de notre discussion, on s’est dit qu’on allait faire le contraire. »
Les émissions « zéro » se sont révélées « catastrophiques » confortant les opposants à ce projet dans leur décision. « Heureusement, Monseigneur François Gourguillon nous a soutenus en disant « c’est bien beau de conseiller dans nos homélies de donner leur chance aux jeunes et... » Et il a usé de sa fonction de président du conseil d’orientation pour dire « oui à notre projet. » Le 24 janvier 1998, le premier Sporitplex envahissait les ondes de RCF.
« Des émissions multi confessionnelles »
L’aventure rémoise a donné un sens à la vie de nombreux apprentis-journalistes devenus ensuite grands reporters ou responsables d’antennes comme lui-même à Europe 1, Arnaud Valadon (RMC), François Marchal (Canal +) ou Grégoire Schott (France 3). « Des amitiés se sont créées », ajoute Cyrille.
Des souvenirs se sont entassés également, indélébiles : « Sœur Marie-Rose était à l’entrée du studio et nous comparait à une horde de sangliers sauvages dévastant tout sur son passage » ou encore « nos émissions multi confessionnelles réunissait un juif, un protestant et un catholique. Cela faisait la fierté du Père Gouraud. »
Fier de voir que d’autres que lui ont pu profiter de ce tremplin, reconnaissant envers les anciens journalistes régionaux qu’il enviait et rêvait d’imiter (« merci Richard Gaud de nous avoir accueillis en tribune de presse »), Cyrille de La Morinerie referme (momentanément ?) cette parenthèse nostalgique sur un trait d’humour un brin impertinent. « Sportiplex rendait l’antenne aux émissions de prière vers 22 heures en lançant Eddy Mitchell et son « Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, reprenez tous en cœur : pas de boogie woogie avant de faire vos prières du soir… »
Alors, vous vous êtes fait une idée ? Hasard, destin, bonne étoile ?
Arnaud Valadon, le tenace
A 15 ans, Arnaud Valadon avait deux amours, « la radio et le sport. » Originaire de Troyes, passée par La Réunion, sa famille vient de faire étape à Reims. « Mes parents connaissaient Laurent Vilain (journaliste à France 3 Champagne-Ardenne). Lui connaissait l’émission Sportiplex. »
Voilà, tout est dit ! Enfin presque. Encore fallait-il franchir le pas et frapper à la porte de cette radio qui le fascinait. « Un soir de novembre 2007, je me suis pointé au studio avec ma mère et j’ai dit « Je suis intéressé, j’ai envie de devenir journaliste sportif. »
Un claquement de doigts aussi sonore fut-il n’était pas suffisant pour convaincre sur le champ le responsable du jour de l'enrôler. A défaut, il lui propose de faire un petit test. « J’avais les résultats de matchs sous les yeux, c’était à moi de faire les phrases », se souvient-il comme si c’était hier. « Ça s’est bien passé, il était un peu bluffé. » Et quelques heures plus tard, Arnaud était à l’antenne pour donner les résultats de la soirée.
Et comme Arnaud est un (jeune) homme pressé, il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour abandonner le studio et fréquenter assidument les enceintes sportives. « Mon premier match en direct m’a conduit à la patinoire Bocquaine pour un match de D1 des Phénix de Reims. Je ne maîtrisais pas vraiment le hockey, avoue-t-il. Il faut connaître les règles, comprendre les lignes, identifier les joueurs. Mais c’est un des sports qui m’a fait le plus progresser. J’ai appris à l’aimer. »
De RCF à RMC
Le basket – « je n’étais pas aussi fan qu’aujourd’hui » - ne va pas tarder à enrichir son book. « J’ai commencé à le suivre de manière professionnelle. Je me débrouillais pour partir avec des partenaires de Châlons-Reims ou par un autre moyen et je revenais avec le bus des joueurs », souligne-t-il. Son envie de devenir journaliste sportif prenait forme…
Cinq ans de Sportiplex, cinq ans journaliste salarié de RCF, correspondant à L’Union… le tremplin n’avait pas encore atteint son rebond maximum. Le destin allait s’en charger. Plutôt deux fois qu’une. D’abord quand France Info a cherché un correspondant local en 2013 puis quand RMC eut besoin d’un pigiste pour couvrir le FC Metz qui venait de monter en L1.
Du ballon de foot à la grosse balle orange, Arnaud Valadon se fait remarquer dans les sphères (!) des radios nationales. L’histoire - son histoire - s’accélère. « En 2017, je reçois un mail de RMC me disant que jmon accréditation pour les championnats d’Europe de basket en Finlande était bien arrivée. Une surprise car je n’étais même pas (encore) salarié de la radio ! »
Une fois dans la place, il hérite du hand, vit l’expérience olympique à Tokyo et il y a quelques jours il nous a relaté la draft NBA de Victor Wembanyama. Son anglais, perfectionné « grâce aux séries américaines » et sa polyvalence façonnée au micro de Sportiplex constituent des atouts non négligeables.
Grégoire Schott, l’émotif
Il a 42 ans, occupe la fonction de responsable d’édition à France 3 et possède une mémoire d’éléphant quand il s’agit de plonger dans ses années Sportiplex. « J’étais au lycée à Jean-Jau. D’autres étaient à Jean XXIII. » Par le biais de copains de copains passionnés de sport, le jeune Grégoire répond à l’invitation de l’un de ces fans. « Si tu veux, viens avec nous. » Il ne se fait pas prier et rejoint la joyeuse troupe de RCF qui confectionne tous les mardis une émission de radio.
Rapidement, ces amoureux de l’info – qu’ils soient apprentis journalistes ou techniciens en herbe – nourrissent l’ambition de créer une émission de directs. A force de persuasion, de coups au culot, Sportiplex voit le jour. Les équipes-phare de l’agglomération rémoise découvrent et apprennent à connaître ces envoyés spéciaux en pré-formation.
De RCF à France 3
Le Stade de Reims, le Reims Champagne Basket, Saint-Jacques, les Flammes bleues de hockey leur font une petite place les soirs de match. Mais, Grégoire comme ses jeunes futurs confrères, est mineur. « Il fallait organiser nos déplacements car personne n’avait le permis ».
« J’ai vite compris que c’'était ce que je voulais faire. » Fac d’histoire « mais pas assez assidu », alternant chez Tony Verbicaro, le responsable du magazine Rouge et Blanc (foot), pigiste à France Bleu… « tout cela correspondait à mon ambition de passer à l’étape supérieure… ». La signature d’un CDD à France 3 se traduit par la difficile décision de quitter RCF.
Cinq ans plus tard, Grégoire était engagé à France 3. « Cela fait 15 ans que j’y suis et depuis cinq ans, je suis responsable d’édition. Quand je me retourne sur mon parcours, je suis envahi par des souvenirs émus. »
Ces souvenirs portent les noms du CSA Sedan (RCF s’appelle Reims – Ardennes) pour sa montée en L1 « commentée de façon artisanale – épaule contre épaule avec Cyrille de La Morinerie – depuis la tribune », des Flammes bleues de Reims « malgré la défaite en finale de la Ligue Magnus 99 contre Amiens et de Jacky Husson qui a beaucoup compté pour nous. C’était un peu le papa de l’équipe. Il nous a ouvert les portes de Saint-Brice Handball où il était dirigeant. »
François Marchal, "l'Anglais"
« J’avais entendu l’émission Sportiplex un peu par hasard, se souvient François Marchal. J’aimais bien le foot (déjà), j’ai vu une annonce comme quoi ils cherchaient des journalistes et je me suis présenté. » Pas plus compliqué que cela !
Pourtant, François Marchal n’était pas prédisposé pour se retrouver derrière un micro. « J’étais en informatique et je ne savais pas trop comment m’y prendre à la radio. » Rapidement, Grégoire Schott le convia donc à un essai grandeur nature. « C’était à Sedan pour un match de coupe Intertoto. » Essai transformé (un comble pour un fan de foot) pour François qui intègre la jeune équipe de Sportiplex.
Stage d’été à L’Union
« Je suis resté une année à RCF, poursuit-il. J’ai surtout suivi Sedan car j’étais un des seuls à posséder le permis. Cela me convenait surtout que c’était une année où les Sedanais cartonnaient. » Séduit par cette expérience – « ça a révélé ma vocation » –, il abandonne l’informatique et s’inscrit à l’EDJ (école du journalisme de Nice) où il rejoint sa famille.
A la fin de son cursus (2003), il trouve un stage d’été à la rédaction sportive de L’Union. « J’en garde un très bon souvenir. C’était l’été de la canicule, le seul été que j‘ai passé à Reims. » Restait à franchir le cap et à rejoindre le milieu professionnel. C’est à Sportever de Patrick Chêne qu’il pose son ordi et s’empare du micro de Sport O’FM. « Ensuite, j’ai travaillé à Info Sport, une chaîne rachetée par Canal + », précise-t-il.
Aujourd’hui à 43 ans, François Marchal est heureux. « Je fais ce que je voulais faire. Je suis super bien où je suis. » Commentateur du championnat anglais et de la Ligue des Champions, il dribble les obstacles avec réussite au gré des retransmissions du tournoi olympique de Rio, de la Premier League et… des attributions des droits télé. Il enregistre même de grands moments. Le dernier en date ? « Le titre européen de Manchester City. »
ACTUELLEMENT AU MICRO DE RCF
Alexis Claude-Reitz, le multicarte
Reprenons au début. Alexis Claude-Reitz coule des jours heureux (!) en fac. Après une licence d’histoire, il s’attaque à la psycho. Pour financer ses études, ce Carolomacérien travaille comme employé libre-service à Lidl. Des amis de fac, bénévoles à RCF, n’arrêtent pas de poser la même question à Alexis : « Quand est-ce que tu viens ? » La réflexion ne varie pas. « J’étais sceptique mais passionné de sport. »
Et puis un samedi de 2015, il craque et se rend sur place. Pour voir… « Et j’y suis resté. » Les premiers contacts avec le micro sont, sans surprise, consacrés à la découverte de ce nouveau monde : apprendre à poser sa voix par exemple avant de passer aux enregistrements d’interviews puis aux commentaires en direct, aux présentations de journaux, aux débats…
De RCF à…
Il parfait sa connaissance du milieu en devenant correspondant à L’Union. Sa boulimie pour l’information le pousse vers d’autres expériences, d’autres médias : la Semaine des Ardennes, Radio 8, Ardennes TV. A RCF, il est de plus en plus sollicité, bosse sur les « infos géné » avec Jean-Pierre Benoît et… remplace son boulot alimentaire par des piges. « J’ai appris sur le tas », résume-t-il Et deux ans après son arrivée à RCF, il reprend le poste de journaliste salarié laissé vacant par Arnaud Valadon.
« Je n’envisageais pas mon avenir ainsi », reconnaît-il. Pourtant, c’est bien lui (à droite sur la photo) qui interviewe les frères Bogdanov dans le studio de RCF. C’est lui aussi qui enfile le costume de speaker pour le CSSA (Sedan foot), c’est encore lui qui devient correspondant du Stade de Reims pour L’Equipe, c’est toujours lui qui est sollicité pour donner des cours au Campus Eductive de Reims (200 heures cette année).
L’exemple de ses glorieux prédécesseurs lui a-t-il donné des envies d’ailleurs ? « C’est ma sixième saison à RCF », souligne-t-il. « J’ai déjà pensé à d’autres expériences mais pas comme Arnaud. Si je viens à bouger, ce sera dans une structure régionale comme ici. » Pour mettre toutes les cartes de son côté, Alexis a valorisé son expérience en passant une VAE au CFJ (centre de formation des journalistes) en 2021 dont il est sorti major de promotion.
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