Que se passe-t-il une fois que l’arbitre a sifflé la fin du match ? Quels joueurs répondent aux questions des journalistes ? Comment sont-ils désignés ? Où sont organisés ces points de rencontres ? Éléments de réponses.
Le syndic de presse Alexandre Audabram (à gauche) veille à ce que tout le monde puisse travailler dans les meilleures conditions.
Un dimanche après-midi (presque) comme les autres. Bien installé dans votre fauteuil devant votre téléviseur, vous attendez que le capitaine du Stade de Reims football, Yunis Abdelhamid, vienne expliquer au journaliste d’Amazon les raisons technico-tactiques du succès de sa formation en Ligue 1. Dans la tribune Jonquet du stade Delaune, les supporters rouge et blanc sont frustrés.
Ils voient mais n’entendent pas le débriefing d’un de leurs chouchous. Pour avoir la confirmation (ou pas) de ce qu’ils ont vu, ils devront attendre les émissions de radio ou/et la lecture le lendemain de leur quotidien préféré.
Reste à savoir comment et avec quels experts les journalistes se forgeront leur avis. Quels sont les ingrédients qui leur permettront de signer un bon reportage ? Celui qui intéressera le lecteur de la première à la dernière ligne (bien écrit, sans faute d’orthographe pour la presse écrite si possible, merci), celui qui répondra aux questions que se pose le lecteur ou celui qui le surprendra et lui permettra d’enrichir ses connaissances (donc bien renseigné) ?
Flash et super-flash
Il est évident que le contenu du papier est important. Mais que les horaires (du match, du bouclage, de la fin du direct) peuvent constituer un frein dans la recherche des infos. Heureusement, tout est organisé par l’Union des journalistes de sport en France pour que les précieuses infos soient collectées et exploitées le plus rapidement possible.
Il n’est plus question de la zone super-flash évoquée plus haut (l’interview à chaud, bord terrain,) où intervenait le capitaine rémois mais de zone flash, réservée aux détenteurs de droit et fréquentée par les joueurs à H + 15’. A noter que tout manquement à ces obligations médias se traduit en contributions sonnantes et trébuchantes (des amendes) non négligeables.
Et puis, il y a la zone mixte où peuvent se rendre tous les journalistes accrédités. À Reims, elle est organisée dans les entrailles de Delaune. « Cette zone se trouve sur le chemin qui mène les joueurs de leur vestiaire au bus », précise Alexandre Audabram, le syndic de presse à Delaune et secrétaire général de l’UJSF (voir par ailleurs). « La règle de base est que les joueurs doivent y passer… mais qu’ils ne sont pas obligés de s’arrêter. »
Le marathon des médias
Vous comprenez mieux que, hormis de très rares exceptions, le joueur qui est passé à côté de son match ne s’attarde pas dans cette zone et évite ainsi de se lancer dans des explications difficiles et forcément peu glorieuses (pour lui).
L’entraîneur, lui aussi, se rend dans la zone mixte. C’est la que les sons des radios sont enregistrés. Auparavant les coaches seront passés par la salle de conf de presse où ils auront répondu, séparément, aux questions des journalistes de presse écrite (L’Union, L’Hebdo du vendredi, le journal couvrant l’équipe adverse, L’Équipe…). Après leur marathon des médias, ils auront alors le droit de goûter à un repos bien mérité.
Voilà, le match est terminé depuis une heure à peu près. Les joueurs, les entraîneurs, les supporters ont quitté l’enceinte du stade. Les journalistes mettent la dernière main à la pâte qui fera que leur reportage sera bon ou pas. Bonne lecture à tous.
UJSF et sports co
L’Union des journalistes de sport en France a signé des conventions avec plusieurs disciplines : le football (FFF et LFP, la Ligue de football professionnel), le rugby (FFR et Ligue), le basket (FFBB et LNB) et handball (FFHB).
Ces différentes conventions stipulent que l’UJSF désigne pour chaque rencontre un syndic de presse qui collabore avec le club hôte et s’assure que les conditions sont réunies pour que les journalistes professionnels puissent travailler.
Pour le football, le syndic met en place une conférence d’avant match avec le responsable du club (J – 2), gère les accréditations (20 à 25 à chaque match à Delaune) et le jour du match, il organise la tribune de presse (il y a 110 postes de travail à Delaune), la salle de conférence d’après-match (les réponses aux questions des journalistes sont filmées par le diffuseur qui s’engage à donner le signal international à tous les détenteurs de droit) et la zone mixte où les joueurs s’arrêtent ou pas.
Thanks et Arigato
Comment sont désignés les joueurs interviewés en conférence de presse d’avant-match et à la mi-temps puis à la fin du match par le diffuseur télé ?
Jérémy Puzos, responsable communication et médias du Stade de Reims (à droite sur la photo en compagnie de Will Still lors de la conférence de presse d'après match): « Notre groupe est de 11 + 3 ? Ils passent tous une fois à la conf de presse d’avant match. En fin de saison, j’incorpore les jeunes dans la rotation. C’est moi qui désigne le joueur qui sera interrogé à la mi-temps et à la fin. »
Se pose la question des joueurs étrangers. « Ils prennent des cours de français Certains comme Sierhuis, Cajuste ou Matusiwa ont des facilités et parlent très bien notre langue. Quand il faut employer l’anglais, c’est moi qui assure la traduction. » Et dans les cas plus difficiles (pour le Japonais Ito), « on fait appel à un traducteur extérieur. » Thanks and Arigato (merci) !
Junya Ito marqué à la culotte
Yuki (à gauche) s'accrédite pour chacune des rencontres du Stade de Reims à Delaune. Sa cible ? Junya Ito, bien sûr.
Junya Ito occupe le flanc droit de l’attaque rémoise… et cela a des conséquences sur la fréquentation de la zone mixte. Car l’international japonais fait l’objet d’un marquage à la culotte de la part des médias de son pays. Deux jeunes femmes suivent toutes ses prestations à domicile et recueillent régulièrement ses impressions.
Yuki est basée à Paris, sa consœur à Marseille où elle suivait Hiroki Sakaï (latéral droit de l’OM de 2016 à 2021). « Elles s’accréditent à chaque match », souligne Alexandre Audabram. « Leur carte de presse MAE (ministère des affaires étrangères) est un gage de sécurité pour nous. »
« Moi j’aime bien la Premier Ligue », souligne Yuki. Mais, elle connaît la Ligue 1 sur le bout des doigts. Et quand je lui demande quelle est son équipe française favorite, elle hésite, finit par… ne pas répondre et prouve son art du contre-pied en soulignant d’un « Yes » sincère et gestuel sa satisfaction en apprenant la défaite du PSG (c’était lors de la dernière journée du championnat). On ne connaît pas ses chouchous mais on devine qui elle ne porte pas dans son cœur !
Envoyées spéciales permanentes en France, les deux journalistes japonaises se diversifient à l’occasion. Yuki suit, par exemple, les compétitions de patinage artistique en Europe et les nombreux Japonais qui s’y distinguent (trois médailles d’or aux derniers championnats du monde).
Idem pour le basket
Le principe est le même pour le basket. Mais mis à part quelques événements exceptionnels (finale du championnat, des coupes de France), il n’y a pas d’accréditation spéciale. La carte Presse Sports délivrée par l’UJSF suffit pour entrer dans l’enceinte lors des matchs de Pro B (en espérant mieux) du Champagne Basket par exemple (ici l'entraîneur Thomas Andrieux).
L’UJSF désigne un syndic qui collabore avec le club hôte pour organiser la tribune de presse (il n’y en a pas à l’Arena de Reims !) et la conférence d’après match (les entraîneurs et un joueur de chaque équipe, désigné en concertation avec les journalistes).
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