top of page
  • Photo du rédacteuryves dogué

Adeline s'est "piquée" aux Jeux

C'est à Barcelone en 1992 qu'Adeline Wuillème est tombée amoureuse des JO. Au bord des pistes d'escrime, sa carrière a pris un tour planétaire. Son rêve de vivre le plus grand rendez-vous sportif du monde s'est concrétisé à trois reprises.



LES JEUX OLYMPIQUES A 45 MINUTES DE REIMS / ÉPISODE 2

PARIS 2024 / CÉRÉMONIE D'OUVERTURE LE 26 JUILLET


L’HISTOIRE est triste, voire injuste. En 2008, l’équipe de France féminine de fleuret échoue de très peu, de l'épaisseur d'une lame, pour la qualification aux JO de Pékin. Pas d’équipe, pas de quota individuel non plus. Adeline Wuillème, qui a annoncé sa retraite sportive pour la fin de la saison, ne participera donc pas à ses... quatrièmes Jeux olympiques. Elle quittera la compétition par la petite porte.


Comme moi, vous savez que les sportifs n’ont pas l’habitude de baisser les bras. Après un échec ou une désillusion, ils rebondissent toujours. « Je me suis dit « Allez, je me fais plaisir et je vais disputer une dernière compet. » La riposte de la gauchère du Cercle d’escrime de Reims la conduit sur les pistes des championnats d’Europe organisés à Kiev.


Bon, reprenons l’attaque de ce papier.


L'HISTOIRE est belle et rend justice à son personnage principal. En 2008, Adeline Wuillème balaie d’un revers de main sa désillusion et sa non-qualification pour les JO de Pékin. La Rémoise décide de relever un dernier challenge, le championnat d'Europe, avant de ranger définitivement ses fleurets.


Les circonstances vont se révéler complices lors de son ultime rende-vous continental. Adeline passe le 1er tour à la mort subite contre Lamonova, la tenante du titre puis ses adversaires les plus redoutables (dont la reine Vezzali) tombent les unes après les autres.


« Je veux faire ça, je veux aller aux JO ! »


En finale, elle retrouve l’Italienne Margherita Grabassi, championne du monde deux ans auparavant, mais qu’elle a toujours battue. Elle n’en fait qu’une bouchée (14-9) et décroche son seul titre en grands championnats de sa carrière. Elle ajoutera le bronze par équipe à sa moisson ukrainienne. Willow – c’est son surnom – quitte la compétition par la grande porte.


Fin de la séquence nostalgie et/ou émotions. Car, la carrière d’Adeline ne se résume pas à cette sortie tonitruante, à ce bouquet final. Si l’on analyse son palmarès, on comprend très vite qu’elle a dominé le fleuret féminin français (six titres nationaux, trois fois argentée) mais que ses parcours européens et mondiaux n’ont pas récompensé ses qualités à leurs justes valeurs. Elle s’est bien parée de bronze (individuel et par équipe) lors des « Monde » de Leipzig (2005), de l’or et du bronze européen (2008) mais c’est tout pour les grands championnats.


Des regrets ? Adeline Wuillème peut être fière de sa carrière internationale entamée en catimini à Barcelone en 1992. « J’avais 16 ans et je n’étais pas sélectionnée pour les JO bien sûr, se souvient-elle. Mais, il restait une place dans la colocation... Je n’avais pas de billet pour assister aux épreuves d’escrime alors, on a triché pour me faire entrer... » Au bord de la piste, « après les victoires de Srecki à l’épée et d’Omnès au fleuret, je me suis dit : je veux faire ça. Je veux faire les JO. »


Ambiance olympique et électrique


Quatre ans plus tard, en 1996, Adeline a transformé son rêve espagnol en réalité américaine. Aussitôt le chapitre Atlanta refermé (14e en individuel, 5e par équipes), elle n'a eu qu'une idée en tête : renouveler l’expérience. À Sydney en 2000 (18e), à Athènes en 2004 (7e, photo), la Rémoise a enfilé la tunique de leader (avec Astrid Guyart) de l’équipe de France avec plus ou moins de réussite. « A Sydney, je me suis blessée dès l’échauffement en butant sur une plaque de 3 cm. » Diagnostic : une entorse de la cheville qui allait se révéler être une fracture... 15 ans après. »


Adeline adore les Jeux et pourrait en parler pendant des heures. « En Australie, j’ai eu le privilège d’assister à la demi-finale de basket hommes France – USA (75-85) », jubile-t-elle encore. L’ambiance – olympique et électrique -, les vedettes NBA (Vince Carter, Gary Payton, Kevin Garnett) et tricolores (Jim Bilba, Stéphane Risacher, Antoine Rigaudeau, Laurent Sciarra, Yann Bonato...), ces images sont à jamais gravées dans sa mémoire.


Les Jeux à la télé


Au mois de juillet, Adeline Wuillème-la-Rémoise vivra Paris 2024 « devant la télévision. Les Jeux, je sais ce que c’est. Et puis, j’ai horreur de la foule, en plus les tarifs sont dissuasifs. » Alors, elle sera scotchée devant son petit écran. « Pendant quinze jours, je serai indisponible. Je regarderai tout, tout, tout. Le volley, le hand, l’athlé, la gym et ses acrobaties incroyables. J’adore... En escrime, le niveau est moins élevé que lors des coupes du monde et les championnats d’Europe et du monde. Mais, je vais profiter de belles images de sport. Et, je ne mettrai pas forcément le son. »


On le voit, Adeline est prompte à remonter sur son nuage olympique ! Les JO, pourtant ne sont qu’une parenthèse dans son quotidien. Adeline doit en effet jongler avec son emploi du temps. Professeur d’EPS à l’Université Paris Panthéon Assas (Droit, Eco, Gestion) depuis 2004, elle fait profiter ses 150 étudiants de son expérience de championne d’escrime mais elle dispense également des cours de badminton, de renforcement musculaire et de pistolet laser (4 x 800 m de course entrecoupés de 4 tirs).


Sa touche finale ne surprend guère : « J’aime les Jeux, le jeu, j’aime transmettre, j’aime ce que je fais. Tout le monde ne peut pas dire autant », conclut-elle. L’histoire est belle.


 

Souvenirs roses et noirs...


En forçant le trait, on pourrait affirmer que son meilleur souvenir c’est... la non-qualification des Bleues du fleuret pour les JO de Pékin. Cet échec l’a décidé à participer à une dernière compétition avant de ranger définitivement sa housse où sont entassés sa tenue, son masque, son gant et ses fleurets. Une bonne inspiration la propulsant sur la plus haute marche du podium des championnats d’Europe de Kiev. Alors oui, Kiev fait partie de ses meilleurs souvenirs.


La toile de son ami sabreur Franck Ducheix. Recherchez les indices retraçant sa carrière.

Pour immortaliser son titre européen et résumer sa carrière, son ami le sabreur Franck Ducheix lui a offert un cadeau inestimable. « Une toile sur le thème des JO, agrémentée de quelques clins d’œil comme un petit drapeau ukrainien. » Mais, la gauchère ne vit pas de souvenirs. « Par exemple, je ne sais pas où est ma médaille d’or européenne. Peut-être chez mes parents avec les articles et mes feuilles de route pour les compètes internationales. »


Mais, chaque médaille à ses revers. Adeline les a toujours parés avant de se fendre d'une riposte toujours cinglante. « Mon plus mauvais souvenir est certainement le circuit national de Reims en 1995. Devant la famille, mes amis, je me suis fait les croisés. »


Willow a su effacer ce moment douloureux « avec de belles tranches de vie. Les voyages m’ont permis de faire des découvertes de monuments et même culinaires. Ah, l’Argentine... Ils aiment la culture française et on y mange très bien ! Budapest – j’y suis allée au moins vingt fois – c’est bien aussi. »


Vélo, boulot, ados


Adeline et la famille Wuillème " en garde ".

Maman de deux garçons, Alban 14 ans et Simon 10 ans, qu’elle accompagne chaque week-end dans leurs séances de volley, elle n’a plus le temps de consacrer à la compétition. Elle a abandonné son poste de maître d’armes à Issy-les-Moulineaux en septembre dernier.


Quand je lui demande si elle pratique encore un peu, Adeline avoue « être débordée ». « Disons que je fais du sport pour aller au travail. J’y vais à vélo... électrique. »

Et quand elle peut échapper à sa routine vélo-boulot-ados, Willow revient à Reims retrouver sa famille et... s’approvisionner « en champagne chez Thierry Forget. »



 

Les podiums internationaux d'Adeline


Le podium mondial de Leipzig avec la reine italienne Valentina Vezzali et la princesse française Adeline Wuillème (à droite) complété par l'Allemande Anja Muller et la Hongroise Edina Knapek..

Le moins que l'on puisse écrire, c'est qu'Adeline Wuillème a bourlingué pour défendre la grande cause du fleuret. Elle a participé à 130 coupes du monde, avec 50 qualifications en quart de finale, 10 fois, elle a atteint les demi-finales (synonymes de 3e place), 9 fois, elle disputé la finale et 6 fois, elle s'est imposée.


Championnats du monde : bronze à Leipzig 2005

Championnat d’Europe : or à Kiev 2008 (photo)

Coupes du monde : or à Leipzig 2004 ; argent à New-York (2003), à Jeju (Corée, 2008), Marseille 2008 ; bronze à La Havane 2003, à Salzbourg 2004, à Leipzig 2005 ; au Caire 2006...

 

A chaque arme, sa spécificité


Pour tout un chacun, l’escrime est un sport où il faut toucher l’adversaire en premier. C’est un peu plus compliqué que cela. En fonction des armes, la zone où un impact peut se transformer en touche n’est pas la même. Ce n’est pas tout. Pour que la touche soit validée dans les armes de convention (fleuret et sabre), encore faut-il avoir la priorité (avoir pris l’initiative de l’attaque, ou avoir paré l’attaque et donc avoir repris l’initiative).


FLEURET. - Arme conventionnelle. On ne peut toucher qu’avec la pointe sur une surface déterminée par une cuirasse électrique. Tout le reste du corps est non valable et allume une lampe blanche. Si l’on touche en premier une surface valable, cela bloque l’appareil et interdit l’allumage de la lampe blanche.

Surface valable : le tronc (bras et tête exclus). La bavette du masque est valable également. 


L’arme. - Son poids total est inférieur à 500 grammes. Sa longueur totale maximum est de 110 cm. La coquille ronde doit avoir un diamètre compris entre 9,5 et 12 cm. Au fleuret électrique, la lame est terminée par un bouton marqueur électrique devant repousser un poids de 500 grammes. 


EPEE. - Arme non conventionnelle. On peut toucher toutes les surfaces du corps, des pieds à la tête, seulement avec la pointe. Le premier qui touche a raison. Si les deux coups arrivent dans un temps inférieur à 1/2 seconde de différence, il y a coup double et chaque tireur marque 1 point.

Surface valable : tout le corps. 


L’arme. - Son poids total est inférieur à 770 grammes. Sa longueur totale maximum est de 110 cm. La poignée a une longueur maximale de 20 cm. La coquille ronde est plus grande (diamètre de 13,5 cm) et profonde (entre 3 et 5,5 cm) que celle du fleuret .A l'épée électrique, la lame est terminée par un bouton marqueur électrique devant repousser un poids de 750 grammes. 


SABRE. - Arme conventionnelle. On peut toucher avec le tranchant et la pointe. La surface valable est matérialisée par une cuirasse électrique qui allume la lampe de couleur. Le coup doit être porté avec la lame sur la cuirasse pour établir le contact. Tout le reste du corps (en-dessous de la taille) n’allume aucune lampe. Surface valable : au-dessus de la taille. 


L’arme. - Son poids total est inférieur à 500 grammes. Sa longueur totale maximum est de 105 cm. La coquille est pleine, extérieurement lisse. Elle présente une forme convexe continue se terminant par la capuce fixée au pommeau. 

Au sabre non électrique, son extrémité est repliée sur elle-même pour former un bouton. 



 

A (re) lire aussi : La saga des Jeux à la rémoise




0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page