
Vainqueur d'un tournoi e-Ligue 1 Open sous les couleurs de Reims, François Ferrando a également revêtu la tunique d'ambassadeur de l'e-sport, cette discipline en constante progression, lors de sa venue dans la cité des sacres pour un 8/9 d'Adjan.
« IL PORTE LE NUMÉRO 7, c’est un spécialiste du débordement – maîtrisé et chaloupé bien sûr -, il a l’intention de faire des misères à ses adversaires. Je vous demande d’encourager notre virevoltant ailier venant du pays du Soleil levant... Junya... (réponse du public) ITOOOO. » Le speaker-chauffeur-de-stade, vêtu du mythique maillot rouge et blanc, n’en finit pas de solliciter et d’user ses cordes vocales pour présenter ses favoris...
Frottez-vous les yeux si vous voulez mais, non, non, vous n’êtes pas dans la tribune Jonquet du stade Auguste-Delaune ! Vous êtes dans le virtuel, confortablement installé sur votre « chaise ou fauteuil de match ». Vous attendez que le coup d’envoi de la rencontre de e-Ligue 1 soit donné. L'équipe de Reims entend bien damer le pion à son prestigieux adversaire du Paris Saint-Germain.

Cette équipe-là est coachée par François Ferrando, un jeune homme de 22 ans, né dans la région parisienne, étudiant en Bachelor 3e année « communication et marketing sportif » en alternance à PPA (Pôle Paris Alternance).
Ce fou de foot, gamer devant l’éternel depuis qu’il a 6 ans, milieu récupérateur de l’Association du Patronage Sainte-Mélanie à Paris (APSM), un club de copains évoluant tout en bas des compétitions de District, ce gamer-supporter du PSG des premières années, s’est trouvé fort démuni à l’arrivée des Qataris. « Je n’étais pas, plus autant, accroché par ce groupe. ». Le divorce est acté. Plus d’équipe à supporter, plus d’équipe à diriger sur écran !

Pas question pourtant de raccrocher les crampons, fussent-ils virtuels ! « Reims est proche de Paris. Je me suis renseigné et je me suis engagé dans la compétition qui allait désigner celui qui représenterait Reims en e-Ligue 1. On était 512 à viser la place », souligne François Ferrando.
Dans un format à élimination directe, Ryze Diablo (c’est son nom vidéo) a franchi tous les obstacles jusqu’au titre, gagnant ainsi le droit de s’aligner « dans le gros tournoi » des clubs de e-Ligue1 Open, ouvert à tous les champions de ville (20 équipes).
Un parcours sans faute
Sorti de sa poule (Lyon, PSG, Montpellier, Reims), ce « Diablo » de François a souffert en quart de finale de ce big tournoi contre Metz dans un derby du Grand Est (4-3) avant de caracoler et de ne laisser planer aucun doute sur l’issue finale en demie (8-2 contre le RC Lens) puis 6-1 contre Marseille en finale devant 1 000 spectateurs !
Cette performance n’a pas modifié son statut. François Ferrando n’a pas (pas encore ?) séduit l’institution rémoise. Il est et restera semi-pro en attendant que le Stade de Reims imite ou pas quelques-uns des clubs de Ligue 1 qui ont ouvert une « structure professionnelle e-sport » et lui propose, qui sait, un contrat pro (minimum le SMIC, maxi 7 000 €).
« J’ai a eu droit à un article sur le site officiel du Stade de Reims pour me féliciter de ma victoire en e Ligue 1 Open. Mais, je n’ai pas de contact avec les joueurs ou la Présidence. » François Ferrando ne désespère pas de séduire Jean-Pierre Caillot, « de lui donner envie ou la curiosité de s’intéresser à ce phénomène. « L’ e-sport, c’est l’avenir. Pas besoin de savoir jouer au foot ni d’être habile avec ses pieds », affirme-t-il.
En revanche, il faut manier la Playstation avec dextérité et savoir utiliser le bouton R2, celui qui fait courir les joueurs plus vite. « Il n’y a pas d’entraînement pour ça. Juste la pratique. Contre meilleur que soi évidemment. »
LE MATÉRIEL : une Playstation (environ 500 €)
LE JEU : en ligne, chacun chez soi devant son écran
LA COMPÉTITION : il faut s’inscrire pour participer aux tournois. La formule peut être soit par élimination directe, soit combiner une phase de poule puis des matchs à élimination directe.
LE MATCH : 2 fois 6 minutes. La composition de départ se fait par défaut. Cela signifie que « chaque club reprend la tactique exacte du club dans la réalité. Paris dans la réalité c’est un 4-3-3 . Dans le jeu vidéo aussi », précise François. « Mais, nous pouvons modifier notre tactique et la composition comme on le souhaite avant le début du match. »
Le football mais pas que...
L’e-sport bénéficie d’une relative visibilité. Contrairement aux idées reçues, il ne se réduit pas aux jeux vidéo de « simulations sportives » qui miment des disciplines réelles, comme le football (PES ou EA FC24 ex-FIFA), le basket-ball (NBA 2K), le football américain (Madden NFL), etc.
L’e-sport concerne une grande variété de genres.
Comme le sport qui regroupe une multitude de disciplines (athlétisme, natation, sports collectifs, etc.), l’e-sport se décline en une grande variété de disciplines : jeux de combat, de stratégie en temps réel, de tir, de réflexion, de cartes, etc (voir ci-dessous).
Les zombies font peur...
Il n’y a pas que le e-sport (notamment le e-football) dans la e-vie ! Les gamers explorent d’autres mondes. Les trente-et-une salles d’EVA (E-sports Virtual Arenas), en France et en Belgique, bientôt une de plus, accueillent un large public avide de sensations fortes, quel que soit leur statut (loisirs, abonnés ou compétiteurs).
Le principe est simple. EVA France met sept maps à disposition de ses salles, entendez par là sept décors virtuels, dans lesquels évolueront les gamers. Ces décors (des champs de bataille martiens...) occupent une arène de 450 mètres carrés. L’objectif est de conquérir des points stratégiques puis de les défendre.

« After-H », ce jeu de tir compétitif (armes de loin, de près, grenades...) se déroule soit en mode « battle » (deux équipes de quatre s’affrontent) soit en mode « zombie » (une équipe de huit ou dix cherche à cumuler le plus grand nombre de points) avec l’objectif de s’assurer la suprématie d’un univers futuriste. Il y a cinq niveaux de peur chez les zombies. Brrrr !
Dans l’Arena cormontreuilloise, les « Jaune et noir » rémois, du doux nom de F9 Hetic, évoluent un cran au-dessus du loisir. Ils disputent le championnat de Ligue 1 à huit équipes. Pour l’instant, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances mais Esteban Centa et ses coéquipiers n’ont pas dit leur dernier mot. A suivre.
EVA Reims : une affaire de familles

L'entreprise et le sport ont un atout commun : le sens de l'anticipation. La triste pandémie, loin de freiner la créativité et la création, a permis aux entrepreneurs-nés de réfléchir à des projets puis de les mener à bien.
Quand, au plus fort du confinement, Esteban Centa parle d’e-sport à son père Vincent, ses yeux brillent tellement qu’il n’a pas besoin d’argumenter pour le convaincre de se lancer... Ils sont rapidement rejoints par Arnaud Lenglet puis par sa fille Justine.
On vous fait grâce du parcours administratif, de la recherche d’un local pouvant accueillir 450 mètres carrés de jeu et ses à-côtés (salle de réunion, restauration rapide...). Le 18 mai 2021, tout est prêt. EVA Reims ouvre ses portes au 15 rue des Compagnons (à Cormontreuil).
« Cela a vite pris forme, sourit Vincent Centa. Cela a tout de suite intéressé du monde... »
Aujourd’hui, EVA Reims a trouvé son rythme de croisière, a développé ses activités, s’est diversifié et a proposé des team buildings. Les entreprises de la zone commerciale, d’autres aussi venant de l’extérieur, ont trouvé sur le QR code géant – le sol de l’Arena - un terrain propice au développement de leurs valeurs : l'esprit d’équipe, la solidarité, la coopération, la communication.
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